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Lui parler du tabac

Parler de tabac avec nos patients est une démarche de plus en plus habituelle depuis quelques années. En effet, les répercussions du tabac sur la cavité buccale sont nombreuses. De fait, nous, chirurgiens-dentistes, sommes des interlocuteurs naturels pour nos patients sur ce sujet. Ils doivent connaître les risques et les méfaits du tabac sur leur vie quotidienne et sur leur santé

Pour en parler, nous proposons deux approches distinctes mais complémentaires :

  • une approche médicale
  • une approche que nous pouvons qualifier «d'esthétique».

L'approche la plus pertinente dépend bien sûr du patient, de son questionnaire médical, de ses attentes, (Il faut donc connaître notre patient pour lui parler, le conseiller et l'orienter) mais elle dépend également de notre pratique et de notre sensibilité.

D'un point de vue médical

le tabac est un facteur majeur de risque de survenue de certains cancers notamment du poumon mais aussi des cancers des VADS (voies aérodigestives supérieures) notamment quand il est associé à l'alcool (http://www.e-cancer.fr/depistage/cancers-cavite-buccale). Malheureusement les conséquences de la consommation de tabac sur la cavité buccale sont encore trop méconnues, il est du rôle et de la responsabilité du chirurgien-dentiste d'en informer ses patients. Les conséquences sont variables. Le tabac altère la réponse inflammatoire et la réponse immunitaire. Les bactéries trouvent donc, dans la bouche d'un fumeur, tout ce qui leur permet de survivre et de croître. Par conséquent, les fumeurs ont trois à six fois plus de risques de présenter des résorptions osseuses et de perdre leurs dents précocement. De nombreuses études ont montré que le degré de perte tissulaire est lié au niveau de consommation et au degré d'exposition au tabac. Les fumeurs passifs très exposés courent aussi un risque important. Le tabagisme passif peut donc contribuer à expliquer, chez certains patients, le développement de maladies parodontales. Il existe aussi des retards de cicatrisation lors des avulsions dentaires, des interventions de chirurgie implantaire ou d'un surfaçage actes de pratique fréquente, et qui sont autant de raisons d'aborder le sujet. Pour information, les protocoles d'arrêt du tabac mis en place lors d'opérations chirurgicales sont très stricts. Il est recommandé d'arrêter le tabac pendant 1 semaine avant l'opération et 6 à 8 semaines après pour favoriser la cicatrisation. Les interventions de chirurgie buccale doivent bénéficier des mêmes recommandations.

Du point de vue du confort et de la qualité de vie

le tabac laisse son empreinte à plusieurs niveaux : mauvaise haleine, coloration des dents. Mais c'est à l'occasion des détartrages, souvent sollicités pour des raisons esthétiques, que la question du tabac est le plus fréquemment abordée : c'est une occasion favorable pour entamer le dialogue à ce sujet.

A cela s'ajoute la perte d'attache de gencive qui peut aussi entraîner des récessions gingivales qui donnent l'apparence de «dents longues».

Comment agir ?

En posant systématiquement la question du tabac: « Fumez-vous ? ». Si oui, « souhaiteriez-vous arrêter ? ». C'est déjà une grande étape ! Par la suite il est possible d'orienter le patient et, le cas échéant, de prendre part, avec d'autres professionnels de santé, au sevrage tabagique.