L'importance du dialogue
L'enfance constitue la période la plus propice pour préparer les modes de vie et les comportements de l'adolescence et de l’âge adulte. L'attitude négative de l'enfant à l'égard du tabac, de l'alcool et des drogues, l'influence encore importante des parents, l'action préventive concomitante de l'école, le rendent d'autant plus réceptif aux messages de prévention...
Le dialogue doit viser à faire passer l'enfant d'un point de vue très critique à une approche moins manichéenne et plus nuancée du produit et de son consommateur. La diabolisation en matière d'addiction ne fonctionne pas sur le long terme. Il s'agit d'un mécanisme de défense efficace chez le jeune enfant (drogues = " toxicomane ou mort ") mais qui peut avoir des effets pervers auprès des adolescents engendrant une certaine ambivalence : les drogues deviennent alors désirables car elles sont dangereuses, interdites voire illégales. Il est important d'accompagner et de prévenir les renversements brutaux de perception du produit.
S'il n'est pas initié dès l'enfance, ce dialogue deviendra plus difficile au cours de l'adolescence dans la mesure où l'entrée et l'installation dans le tabagisme ou une autre addiction seront liées à une affirmation de soi, voire à une opposition à toute autorité parentale ou éducative.
Il faut donc communiquer et lui parler dès le plus jeune âge. Pour rappel, la première cigarette est parfois fumée dès l'âge de 10 ans ! L'examen Bucco-Dentaire (EBD) de prévention à 9, 12 et 15 ans est une occasion majeure pour aborder le sujet. .
Que dire aux adolescents ?
Face aux adolescents, il convient de transmettre une information de base sur les produits en question. Il faut leur donner des références, des informations, des chiffres quant aux conséquences d'une consommation à risque. Les adolescents ont du mal à se projeter dans un avenir à long terme. Ils n'agissent pas en prévention pour leur santé d'adulte. Il faut leur parler des effets nocifs à très court terme et pour leur vie de tous les jours ; des plus anodins (mauvaise haleine, taches sur les dents qui gâchent leurs capacités de séduction) aux plus graves (risques d'accidents, troubles du cerveau, baisse des performances intellectuelles, physiques). Nous avons la légitimité du professionnel de santé et de nombreux arguments pour mettre en relation le tabac, l'alcool ou les autres drogues avec la santé bucco-dentaire. Il faut utiliser cette légitimité pour rappeler la dangerosité de ces substances. Rappeler également que nous sommes tenus au secret médical et le rassurer sur notre capacité d'écoute s'il en a besoin.
Si son état bucco-dentaire laisse à penser qu'il consomme du tabac ou des substances psycho-actives, il ne faut pas hésiter à aborder le sujet dans le cadre naturel de notre observation clinique : « j'ai remarqué quelques taches sur vos dents. Si vous fumez, sachez que je peux vous conseiller pour arrêter. Ce serait dommage de prendre de mauvaises habitudes à votre âge ».
Si un jeune nous parle de ses consommations, nous devons a minima lui transmettre les coordonnées d’un professionnel qui peut l'accompagner (annuaire des structures de soins : www.drogues-info-services.fr). Ne contactons pas ses parents si nous ne voulons pas perdre sa confiance. Nous-même, n'hésitons pas à prendre conseil auprès de spécialistes si nous nous sentons incompétents à apporter de l'aide à un jeune consommateur de substances psycho-actives.