La question de la douleur est souvent évoquée à propos des soins aux usagers de drogues.
Contrairement à une idée répandue, les anesthésiques locaux utilisés habituellement par les chirurgiens-dentistes pour la population générale, peuvent très bien être utilisés efficacement pour les patients usagers de drogues et ceci quelles que soient les substances consommées. Leur utilisation nécessite cependant d’être attentif à certains points particuliers. Ainsi on améliorera leur efficacité par une bonne préparation psychologique et par l’augmentation des doses injectées. Celle-ci devra néanmoins se faire avec précaution car elle est souvent limitée par la qualité de la fonction hépatique fréquemment perturbée chez ces patients.
Par ailleurs l’anesthésie devra être réalisée à distance de la prise de substance. Lorsque le patient est consommateur de cocaïne, il est préférable d’attendre de 6 à 24h après la dernière prise si l’anesthésique est associé à un vaso-constricteur.
La préparation psychologique vise à rassurer, à expliquer et à motiver le patient en faisant notamment appel à son désir de se « reconstruire ». Cette préparation vient compléter ou même remplacer une prémédication sédative.
L’usage de la seringue lors de l’anesthésie locale provoque parfois une perturbation chez les anciens patients toxicomanes par voie intraveineuse pour qui elle peut constituer un rappel pénible du passé (Carpentier, 1997).
Une attention particulière doit être apportée aux personnes en traitement de substitution aux opiacés quand elles sont amenées à diminuer, voire à arrêter, leurs traitements. La réduction des opiacés peut laisser émerger des douleurs latentes (pulpites par exemple).
Enfin, le plan de traitement, ses objectifs et ses différentes étapes doivent être clairement expliqués au patient lors de la planification des rendez-vous. L’organisation de séances courtes, au cours desquelles on veillera à éviter toute douleur, permet de réduire la crainte des soins et de renforcer l’adhésion du patient au traitement.