Le soigner

La première consultation des patients dépendants de drogues est généralement motivée par la douleur et le préjudice esthétique. Ces patients sont en outre fréquemment animés d’une volonté de commencer une « nouvelle vie » dont la réhabilitation bucco-dentaire va marquer le début.

L’approche psychologique tient donc une place particulière :

la relation de confiance entre patient et praticien, nécessaire dans tous les cas, revêt dans ce contexte une importance majeure.

Nous restons cependant dans une relation strictement thérapeutique avec notre patient sans tenter de jouer le rôle d’un psychologue :

l’usager de drogues est un patient à part entière qui ne doit faire l’objet ni jugement moral, ni de complaisance particulière

Le dialogue et l'interrogatoire médical

Le dialogue et l'interrogatoire médical, indépendamment de l’éventuelle lettre d’introduction de la structure ou du praticien qui a adressé le patient, doivent permettre d’obtenir un certain nombre d'informations qui orienteront le diagnostic, et pourront, le cas échéant, révéler d’autres pathologies (contamination par le V.I.H. ou par le virus de l'hépatite B ou C).

Ces patients requièrent donc une grande attention mais il n’y a aucun véritable obstacle à leur prise en charge thérapeutique.

Selon les situations et les rapports que les patients entretiennent avec leur toxicomanie et leur histoire personnelle, certaines approches spécifiques peuvent se justifier. Ainsi, l'ancien toxicomane ou celui qui est en traitement de substitution est souvent plus facile à soigner, car le désir de réhabilitation esthétique et fonctionnelle prend place dans une démarche de réinsertion sociale déjà en cours.

Une prémédication sédative

Une prémédication sédative, bien que parfois délicate à manier, sera souvent instaurée chez les toxicomanes actifs et ceux en cure de sevrage.

Dans tous les cas l’attitude sera fonction de l'évolution de la relation praticien-patient, la préparation psychologique étant la meilleure des prémédications.

Trois objectifs doivent nous guider dans notre plan de traitement:

  • Traiter l'urgence, qu’elle concerne la douleur ou l'esthétique, si possible en une seule séance et dans un temps le plus court possible.
  • Supprimer les foyers infectieux chroniques qui peuvent provoquer des complications infectieuses à distance ; toujours dans cette optique, instaurer une antibiothérapie prophylactique.
  • Créer les conditions fonctionnelles d'une alimentation correcte. Dans tous les cas le choix de reconstruction prothétique sera guidé par le dialogue avec le patient sans aucun a priori de quelque nature qu’il soit.

En cas de chirurgie ou traitement parodontal, un bilan d'hémostase doit être prescrit. Il faudra prévoir des hémostatiques locaux ou éventuellement une gouttière hémostatique après les extractions.